Liste des thèses soutenues au sein de l’équipe PROJEKT.

Azza Rajhi

Design pour la démocratie: Enjeux de la participation du public en Tunisie post-révolutionnaire.

Année de soutenance de thèse : 2023 (inscription en 2018).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication. Thèse en cotutelle entre l’Université de la Manouba et l’Université de Nîmes.

Direction : Michela Deni et Imen Ben Youssef Zorgati.

Financement : Auto-financement.

Notre recherche se situe pendant la période marquant le mandat du premier conseil municipal élu après la révolution tunisienne en 2018. La question de la participation des citoyens dans la vie locale a été primordiale dans le processus de démocratisation amorcé en Tunisie depuis la révolution de 2010. Elle a été pensée et implémentée selon une approche gestionnaire qui s’inspire du référentiel libéral occidental. L’hypothèse de cette approche est que l’existence des processus participatifs pré-définis et des institutions gouvernantes démocratiques (comme les élections et les instances) est suffisante pour établir une « bonne » démocratie. Cette conception réduit la démocratie à des « institutions démocratiques » et elle ne tient pas compte de la culture institutionnelle du pays ni des imaginaires politiques locaux. A travers une démarche de projet, notre recherche vise à apporter des connaissances issues du terrain sur l’apport du design pour capturer les représentations des pratiques participatives locales, et notamment se saisir de ces dernières pour développer des dispositifs adaptés au contexte. Cette thèse s’engage à répondre à ces questions : en quoi le design peut-il jouer un rôle dans la question de la participation du public en Tunisie post-révolutionnaire ? Quelles pratiques de design spécifiques à ce contexte ? Pour répondre à ces questions, nous étions chercheuse-designer dans le laboratoire d’accélération du PNUD (Programme des Nations Unies de Développement) pour développer des projets qui favorisent la participation du public. Dans le cadre de nos responsabilités dans le PNUD, nous avons mené un travail empirique effectué dans trois communes tunisiennes (La Marsa, Beni Khalled et Tunis) avec la participation des parties prenantes de l’écosystème local. Ce travail a permis d’expliciter les perceptions et les imaginaires relatifs à la participation et nous a amené à co-imaginer et développer deux dispositifs de médiation dont le but est de mettre en relation les acteurs locaux : « StudioCraft » et Taswira_fel_Houma (Portrait de Famille). Le test de ces deux dispositifs a contribué à questionner la pertinence du design pour la démocratie dans notre contexte et à relever ses limites. L’ensemble des projets a permis de développer des connaissances et des recommandations concernant l’enseignement et les pratiques du design dans ces contextes.

https://projekt.unimes.fr/membres/azza-rajhi/

https://www.theses.fr/s213778

Manon Ménard

De l’inclusion à la pluralité : le design à l’épreuve de la normalité Vers une recherche-projet située depuis l’autisme à l’université.

Année de soutenance de thèse : 2023 (inscription en 2019).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication.

Direction et encadrement : Michela Deni et Anthony Masure (co-encadrement).

Financement : Contrat doctoral (bourse ANR NCU dans le cadre du projet Aspie-friendly).

Cette thèse en design interroge les enjeux sociopolitiques d’un design dit pour l’inclusion et la manière dont la mise en place des cadres de conception met les personnes en situation de handicap, et plus spécifiquement les personnes autistes, à l’épreuve de la norme. Nous proposons d’abord d’explorer les discours en faveur d’une société «inclusive» en Occident qui tiennent depuis une vingtaine d’années un idéal commun dont le consensus semble traverser une multiplicité de sphère sociale (médiatique, académique, politique, militante). Si l’inclusion s’est largement diffusée et a remplacé l’usage du terme intégration en France (loi de 2005), nous nous questionnons plus largement sur ses intentions conceptuelles et ce qu’elles révèlent de l’état sociopolitique des valeurs démocratiques modernes. Historiquement corollaires aux mouvements militants en faveur de la participation des personnes handicapées en tant que sujet de droit, les intentions et premiers programmes nationaux à l’égard de l’inclusion se construisent principalement et simultanément sur l’accessibilité au travail et à l’éducation dans des contextes principalement nord-américains et scandinaves (Göransdotter, 2020; Hamraie, 2017). La lecture géohistorique de ces transformations sociales souligne le rôle que le design, en tant que pratique et discipline, opère comme facteur de normalisation et d’adaptabilité des corps (tant physiquement que mentalement), et paradoxalement pour l’affirmation de leurs singularités et de leur désir d’émancipation (Guffey & Williamson, 2020; Hamraie, 2017). De ce paysage ambigu, il importe d’interroger les différences paradigmatiques en termes d’inclusion et de participation pour lesquelles sont déployées certaines pratiques de conception, leur évolution et leur relation à la norme et à l’altérité. Dans le cadre de notre recherche-projet en design, ces interrogations s’imposent à nous depuis le milieu pédagogique et la rencontre avec des étudiants et étudiantes autistes. Elles marquent la nécessité d’expliciter de quoi, par et pour qui le design pour l’inclusion se fait garant dans un contexte sociohistorique défini. Par conséquent, en tant que praxis transformatrice (Freire, 1968 ; 1996), les pratiques de design éclairent les tensions ambivalentes et historiques qui existent entre des possibilités réparatrices et régulatrices, une dimension fonctionnaliste, et des perspectives critiques et pédagogiques, une dimension conscientisante. Sans s’opposer, ces approches de conception plurielles témoignent de la manière dont le travail d’un designer peut dépasser des cadres techniques de réalisation, «problem-framing» (Schön, 1984), et vient remettre en question les limites mêmes de ces cadres, «problem-posing» (Freire, 1968). Notre hypothèse indique que les designers dont les pratiques sont liées aux thématiques de vies lésées par la culture dominante, telle que celles des personnes autistes, incarnent en eux-mêmes une figure d’autorité dont il est nécessaire d’expliciter les responsabilités interdépendantes du processus de création et de réalisation, et leurs enjeux politiques et économiques (Costanza-Chock, 2020). Inscrite dans le cadre d’un programme national pour l’inclusion des étudiants et étudiantes autistes à l’université (programme NCU «Aspie-friendly, construire une université inclusive»), cette recherche-projet en design, empruntant aux théories des disability studies et au champ des pédagogies critiques, soumet alors des propositions quant à la façon d’envisager la responsabilité d’un designer dans l’acte de conception en passant d’un design pour l’inclusion à un design pour la pluralité (Arendt, 1958; Escobar, 2018 ; Gruendel, 2020).

https://projekt.unimes.fr/membres/manon-menard/

https://www.theses.fr/s215740

Elisa Wrembel

Mieux communiquer sur les risques par le codesign de dispositifs de prévention : application au sommeil et à la santé mobile.

Année de soutenance de thèse : 2023 (inscription en 2020).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication, spécialité Design.

Direction : Pierre-Michel Riccio et Marie-Julie Catoir-Brisson.

Financement : Contrat doctoral (bourse Région Occitanie et Unimes).

Les troubles du sommeil touchent une part grandissante de la population française, elle-même peu avertie des risques associés à un sommeil négligé. Les conséquences sont nombreuses et parfois graves ; elles interviennent aussi bien sur le plan de l’individu que de la vie en société. L’aggravation d’une partie de ces troubles pourrait être évitée par un meilleur accompagnement, notamment à travers la sensibilisation du grand public sur l’importance de l’hygiène de sommeil. Pourtant, la thématique est l’oubliée des stratégies de santé publique. Les quelques initiatives entreprises ont des retombées limitées. Les logiques de conception des outils de prévention existants sont centrées sur les objets à concevoir plutôt que leurs usages, notamment lorsque ceux-ci sont technologiques. Cette thèse porte ainsi sur l’amélioration de la prévention des troubles du sommeil. Elle ouvre un espace de réflexion critique sur ce sujet de société en l’abordant par une approche de terrain, la recherche-projet. A partir d’une méthodologie à la croisée des sciences de l’information et de la communication et du design, nous proposons de repenser la communication entre les différents acteurs du champ du sommeil. Sur la base du codesign d’un prototype de dispositif de prévention, nous apportons une contribution sur différents aspects du sujet : au niveau pratique, nous effectuons des recommandations sur la conception de supports de prévention primaire des troubles du sommeil, en soulignant les conditions d’une utilisation pertinente de la santé mobile dans ce contexte ; sur l’aspect théorique, nous proposons une approche systémique des stratégies de communication préventive en nous appuyant sur le concept de dispositif pour aborder des sujets de santé complexes ; sur l’aspect méthodologique, nous éprouvons l’approche de codesign pour encourager la conception de programmes plus adaptés aux spécificités et besoins des groupes d’acteurs.

https://projekt.unimes.fr/membres/elisa-wrembel/

https://www.theses.fr/fr/2023NIME0001

Giovanna Tagliasco

Service Design, oltre le griglie : Dal significato degli strumenti alla configurazione del processo

Titre traduit : Service design au-delà des grilles : De la signification des outils à la configuration des processus

Année de soutenance de thèse : 2022 (inscription en 2018).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication, spécialité Design. Thèse en cotutelle entre l’Université de Nîmes et l’Università degli studi (Gênes, Italie).

Direction et encadrement : Michela Deni, Raffaella Fagnoni et Chiara Olivastri (co-encadrement).

Financement : bourse de l’ED de l’Université de Gênes

Le design de services est étroitement liée aux outils utilisés pour concevoir un service. La définition du design de service est née en même temps que la systématisation du premier outil mis en place, le Blueprint. Au cours des quarante dernières années, les outils ont été critiqués, hybridés, personnalisés, pour faciliter les processus dans la dynamique de la co-conception et pour rendre plus claire la communication de la production des services. Cette thèse traite de deux problématiques : la première concerne le processus de simplification et de réduction de la complexité des phénomènes sur lesquels le service entend intervenir ; la seconde concerne les modalités de développement du service dans le temps ainsi que l’impact qu’il provoque sur la réalité. Cet impact, qui n’est pas toujours prévisible et contrôlable, est le résultat des nombreuses variables du service qui évoluent en fonction de la satisfaction des utilisateurs et de l’implication des parties prenantes. L’objectif de cette thèse est de démontrer comment les aspects de communication et de représentation du processus de conception et du service peuvent être rendus plus efficaces, en repensant les outils de conception de services. Le renforcement de ces fonctions facilite la perception et la création de valeur du service au sein de l’équipe de projet, mais surtout auprès des parties prenantes externes. L’objectif est d’optimiser les capacités des outils de représentation du processus et du projet, afin de permettre de suivre l’évolution du service et d’agir si des besoins de réorganisation apparaissent. La méthodologie identifiée prévoyait une collecte initiale de données par le biais de la littérature scientifique, afin d’étudier les modèles représentatifs des quatre principaux outils de conception de services et leur évolution dans le temps : Blueprint, Journey map, System Map et Stakeholder Map. Ensuite, les critiques formulées à l’égard de ces outils ont été analysées et trois nouvelles tendances, développées au cours des dix dernières années, ont été identifiées pour résoudre certains aspects critiques qui sont apparus : l’agrégation, la notation et l’accent mis sur l’impact futur/anticipé. En partant des outils étudiés, combinés à d’autres plus transversaux, nous sommes passés à une phase d’expérimentation à travers la réalisation/implémentation de trois toolkit, Pack & Unpack. Leave your stamp, Service Design Tool Trip, Co.Creation Blue Services. La conception de ces toolkit a permis d’expérimenter certains éléments de quatre stratégies : de narration, comme la représentation graphique du voyage du héros de Vogler ; d’hybridation, comme le mélange de plusieurs outils ; de facilitation, par exemple petits artefacts pour soutenir la réalisation d’actions logiques complexes ; et de personnalisation. Ces éléments, calibrés comme les ingrédients d’une recette, permettent d’atteindre l’objectif final. Ensuite, un modèle d’évaluation reproductible et applicable a été construit pour vérifier le niveau de profondeur d’une stratégie donnée dans les toolkit. Parallèlement, les toolkit ont fait l’objet d’entretiens avec des professionnels de six entreprises italiennes de conception de services. La dernière partie de la recherche se concentre sur les manières de mettre en scène le processus de conception et le service, qui ont été recueillies au cours d’expériences lors d’ateliers et de stages. À ces occasions, certaines techniques telles que les petits musées et les installations interactives ont été expérimentées. En conclusion, la thèse définit quelques stratégies pour systématiser un nouveau modèle de représentation du processus de conception, capable d’englober une vision globale du processus. Il s’agit d’ouvrir des scénarios futurs où l’outil de conception, hybridé avec une mise en scène intégrée cohérente, peut contribuer à une interprétation plus efficace de la valeur du processus de conception de services.

https://projekt.unimes.fr/membres/giovanna-tagliasco/#current

https://www.theses.fr/2022NIME0002

Alice Martin

Diffusion et appropriation des méthodes du design au sein des collectivités : le cas de la Région Occitanie.

Année de soutenance de thèse : 2022 (inscription en 2018).

Thèse en Architecture et arts appliqués, spécialité Design.

Direction et encadrement : Michela Deni, Marine Royer et Nicolas Trillaud (co-encadrement).

Financement : Contrat CIFRE (Région Occitanie).

Le design est mobilisé depuis une quinzaine d’années dans les administrations françaises, et en particulier dans les collectivités, dans le but de concevoir des politiques publiques et des services plus adaptés aux besoins des citoyens et des acteurs concernés. Cependant, les difficultés et les bénéfices sont peu documentés et l’utilisation de la démarche de design dépend de la volonté de quelques individus convaincus. Cette recherche vise à apporter des connaissances, issues du terrain, sur l’usage du design pour concevoir des politiques publiques territoriales, et en particulier préciser les conséquences pour les agents publics et les designers mobilisés. Pour ce faire, deux hypothèses de recherche sont étudiées : la collaboration est à la fois une étape du processus de design et l’un de ses résultats ; le designer facilite la conception collaborative grâce à des outils et méthodes spécifiques. Dans le cadre d’un financement CIFRE avec la Région Occitanie, nous avons été doctorante-designer pendant trois ans, au sein du laboratoire d’innovation (Lab’) de cette collectivité. Les données collectées sont issues de six projets de co-conception de politiques publiques régionales, sélectionnés comme cas d’étude et auxquels nous avons pris part. L’observation participante, réalisée d’octobre 2018 à décembre 2020, a été complétée d’entretiens avec vingt agents publics impliqués dans ces projets. Ces données empiriques sont discutées à l’aide d’apports théoriques des sciences du design, ainsi que des sciences de gestion et de la sociologie des organisations, pour développer des conclusions visant deux types d’acteurs : les agents publics et les designers. La participation à une démarche de co-conception entraîne à la fois des changements de pratiques individuelles pour les agents publics, ainsi que la pérennité des pratiques collectives. Le designer, qui accompagne les projets, développe des outils et des postures spécifiques pour favoriser la collaboration. Son métier évolue pour s’ajuster au contexte des administrations publiques, ce qui, par conséquent, interroge l’adaptation de sa formation.

https://projekt.unimes.fr/membres/alice-martin/

https://www.theses.fr/2022NIME0001

Zoé Bonnardot

Anticiper l’expérience de systèmes de partage d’énergies renouvelables : un dispositif de simulation ludique pour l’exploration participative des futurs

Année de soutenance de thèse : 2021 (inscription en 2017).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication, spécialité Design.

Direction et encadrement : Stéphane Vial, Pascal Salembier, Yvon Haradji (co-encadrement) et Élise Prieur (co-encadrement).

Financement : Contrat CIFRE (EDF).

L’un des aspects principaux de la transition énergétique est le développement des énergies renouvelables à l’échelle locale, qui sollicite la participation des acteurs locaux (résidentiels, tertiaires et collectivités) dans sa mise en œuvre. Cette décentralisation s’accompagne d’une collectivisation de la relation à l’énergie: les habitants dun quartier ou dune ville aujourdhui receveurs de l’énergie, seront demain producteurs ou engagés dans un réseau de production locale. Ils seront alors amenés à être acteurs de la gestion de leur énergie. Cette transition est principalement guidée par des préoccupations environnementales et technologiques, et il apparaît que le grand public participe peu à cette démarche. Dans ce contexte, l’entreprise de production et de distribution d’électricité EDF cherche à concevoir des services et systèmes qui favorisent leur participation au développement et au fonctionnement des systèmes de production et de partage d’énergies renouvelables à l’échelle locale. L’objectif de cette thèse est d’anticiper l’expérience des usagers dans des situations probables de partage d’énergie renouvelable à l’échelle locale afin d’alimenter la connaissance sur les conditions de leur engagement dans un tel système. Pour cela, une méthode pour la production et l’analyse de données d’expériences plausibles dans une situation aujourd’hui non observable est présentée. Cette méthode qui articule des connaissances issues du design participatif, de design de jeu et d’ergonomie de l’activité, permet la conception d’un dispositif de simulation ludique pour l’exploration participative de situations futures considérées comme probables. L’expérience simulée des situations futures à l’aide du dispositif peut alors être analysée. Une version du dispositif de simulation ludique sous la forme d’un jeu de plateau a été expérimentée lors de la Biennale du Design de Saint-Etienne édition 2019 avec un public non choisi. L’analyse des quatorze sessions d’expérimentation a permis de déterminer des conditions qui favorisent l’engagement du grand public dans un système de production et de partage de l’énergie renouvelable à l’échelle locale.

https://projekt.unimes.fr/membres/zoe-bonnardot/

https://www.theses.fr/2021NIME0003

Karen Polesello

Le design à l’école : Une recherche pratique avec La Ruche et le Turbolabo pour questionner les enjeux de l’enseignement du design d’objet à l’école élémentaire

Année de soutenance de thèse : 2021 (inscription en 2017).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication, spécialité Design.

Direction et encadrement : Michela Deni et Brice Genre (co-encadrement).

Financement : Contrat Région Occitanie.

« Chaque année, et de plus en plus, beaucoup de mes collègues et moi-même avons bien du mal à boucler les programmes, et ce dans plusieurs matières. C’est un souci permanent qui alimente nos conversations et qui nous mine bien souvent. En y regardant de plus près, je m’aperçois que ce qui passe à la trappe varie peu d’une année sur l’autre : une séance de sport gâchée par le vent, une séance d’anglais remplacée par la correction d’une évaluation de conjugaison, la musique qui s’envole avec les notes, (…). » (Professeur à l’école Catala – Saint-Orens-de-Gameville). Un enseignant esquisse dans sa propre pratique, la place qu’il peine à donner à certaines matières dans un programme scolaire au rythme imposant. Des disciplines qui rassemblent aussi la matière, celle que l’on touche, courbe, manipule, façonne, questionne et au moyen de laquelle on crée. Alors, pour « sauver les meubles » et pour susciter la production manuelle, ce professeur fait décorer de petits objets. Nous le rencontrons en novembre 2014 et introduisons dans sa classe notre premier projet de design qui cherche à mobiliser la fabrication concrète et manuelle par la pratique du design d’objet. À l’école, la nature ainsi que la considération des activités créatives et manuelles questionnent. Si l’on n’éduque pas les enfants au monde des artefacts, ne persiste-t-on pas à maintenir, à tort, la prépondérance du penser sur le faire ? Ou à continuer à dénigrer l’enseignement manuel et technique ? Cette thèse a pour but d’interroger la place nécessaire de l’enseignement du design à l’école. Elle s’engage à répondre aux questions suivantes : en quoi la discipline du design peut-elle intégrer le cursus de l’école primaire ? La pratique du design d’objet peut-elle contribuer à mobiliser de nouveau les activités manuelles ? Quelle place peut-elle prendre dans l’actualité de l’école et de ses contraintes ? Pour cette étude, deux projets ont été mis en œuvre et éprouvés dans une dynamique de recherche-projet : celui de La Ruche et celui du Turbolabo. Dans le cadre de cette recherche, La Ruche est un matériel didactique qui permet de débuter un projet par la compétence pratique, avant de stimuler les élèves et les professeurs vers un projet de conception, de manière autonome. Le Turbolabo est un projet de design qui ébauche une manière d’insérer et de guider les acteurs dans la méthodologie de conception et dans les attentes du milieu didactique. L’ensemble de ces deux projets ont pour objectif de questionner la pertinence du design à l’école par les divers apprentissages qu’il mobilise, en tant que discipline du projet. Cette recherche vise aussi l’identification de leviers d’action dans l’école primaire française, afin d’y intégrer le design.

https://projekt.unimes.fr/membres/karen-polesello/

https://www.theses.fr/2021NIME0004

Stacie Petruzzellis

Approche du designer pour faciliter l’expression du vécu émotionnel : conceptualisation d’un jeu permettant d’accompagner l’enfant confronté à une expérience négative dans la construction de son récit.

Année de soutenance de thèse : 2020 (inscription en 2016).

Thèse en Sciences de l’information et de la communication, spécialité Design.

Direction : Michela Deni et Marine Royer (co-encadrement).

Financement : Contrat doctoral.

Certaines expériences émotionnelles peuvent être particulièrement douloureuses et engendrer des répercussions individuelles et sociales plurielles. Toutefois, l’expression du vécu émotionnel peut être bénéfique pour l’individu, et ce principalement lorsqu’elle lui permet de produire le sens de l’expérience traversée et qu’elle lui donne ainsi les possibilités de dépasser plus aisément cette dernière. Les enfants, notamment dans la période de préadolescence, peuvent être particulièrement vulnérables face à certaines situations du quotidien, et éprouver d’autant plus de difficultés pour communiquer leurs ressentis, verbaliser leur vécu et expliquer ce qu’ils traversent. Ainsi, cette thèse a pour but d’interroger la manière dont le designer peut faciliter l’expression du vécu émotionnel chez les enfants confrontés à une expérience négative, et ce dans la sphère familiale, c’est-à-dire sans l’accompagnement d’un professionnel de santé ou de l’éducation. À cet effet, les différents éléments théoriques et empiriques nous ont permis de mettre en évidence que la structure particulière du récit favoriserait la mise en sens de l’expérience, et que le jeu, quant à lui, en faciliterait l’expression et le partage. En somme, nous avons conçu une médiation ludo-narratologique qui permet aux enfants de construire le récit de leur vécu émotionnel et d’ouvrir les possibilités de remanier ce dernier. Il s’agit de penser l’expérience ludique comme basée sur la quête de soi en appréhendant le jeu comme un espace d’expression dans lequel l’enfant peut faire l’expérience de lui-même et l’exploration des possibles.

https://projekt.unimes.fr/membres/stacie-petruzzellis/

https://www.theses.fr/2020NIME0004

Rose Dumesny

Médiation sensible : des dispositifs d’expression tangibles pour s’approprier et comprendre l’objet smartphone.

Année de soutenance de thèse : 2019 (inscription en 2015)

Thèse en Sciences de l’information et de la communication, spécialité Design.

Direction et encadrement : Stéphane Vial et Catherine Ramus (co-encadrement)

Financement : Contrat CIFRE (Orange Labs Châtillon)

La montée en complexité des objets numériques tels que les smartphones les rend de plus en plus opaques. L’étude de l’écosystème numérique nécessite d’analyser les objets qui le composent, l’organisent et le structurent. Ouvrir ces objets “boîtes noires”, les déconstruire, les “désopacifier”, est un moyen indispensable de mieux les comprendre. Il s’agit de lever le voile, de rendre visible et intelligible l’écosystème qui sous-tend le fonctionnement des objets numériques, inaccessible et opaque au plus grand nombre. L’objectif de la thèse est d’identifier les effets d’une médiation sensible au numérique, qui s’appuie sur des dispositifs tangibles conçus selon les principes du design ludique et des “cultural probes”. Par “médiation sensible au numérique”, on entend une médiation des savoirs du numérique qui opère par l’intermédiaire de dispositifs tangibles. Pour ce faire, deux expérimentations conçues et mises en œuvre dans le cadre de la thèse sont étudiées. La première est intitulée “Datapics” et se fonde sur un dispositif permettant d’animer des ateliers de manipulation de formes et de matières autour de la représentation subjective du smartphone. La seconde s’intitule “BlackOut” et repose sur un dispositif permettant de matérialiser et manipuler les capteurs embarqués dans les smartphones. Dans les deux expérimentations, les dispositifs de médiation tangible montrent l’intérieur de la “boîte noire” par décomposition des smartphones en fonctions/matières (Datapics) ou en capteurs/modules (BlackOut). La thèse montre qu’à travers les ateliers de manipulation de ces dispositifs tangibles, il se produit une médiation sensible au numérique qui possède deux effets : un effet d’appropriation et un effet de compréhension. L’expérience des ateliers contribue ainsi à modifier les représentations des participants et à “désopacifier” le smartphone. Menée dans un milieu industriel, cette thèse montre qu’il est possible d’humaniser les technologies numériques les plus avancées dans un contexte de complexification et d’opacité croissantes.

https://projekt.unimes.fr/membres/rose-dumesny/

https://www.theses.fr/2019NIME0004

Mathieu Laffond

Le co-design dans le développement durable : design thinking et design du projet dans l’écosystème des startups.

Année de soutenance de thèse : 2019 (inscription en 2015).

Thèse en Design et Sciences du Langage.

Direction : Alessandro Zinna et Michela Deni.

Financement : Contrat CIFRE (Incubateur des Midi-Pyrénées).

Proposer un changement de posture vis-à-vis des méthodologies du co-design utilisées dans la résolution de problèmes lors de l’accompagnement de projets de startups innovantes tel est notre objectif. Ce travail entre développement de recherches et pratiques professionnelles nous amène à regarder le design sous un autre filtre, celui des phénomènes de sens. L’approche du design de projet, alimentée d’une science telle que la sémiotique, nous conduit à l’élaboration d’une nouvelle démarche stratégique du co-design, du design thinking, pour repenser les notions d’expériences, d’usages, de compétences, d’interactions, afin d’envisager et de développer une méthodologie disruptive adaptée à l’univers des startups et de l’innovation : Voir – Percevoir – Concevoir. En imaginant cet espace de thèse comme un lieu stratégique d’évolutions et de mutations de la notion d’innovation, mais aussi de nos cultures de consommation, de recherche et de développement de demain, il est désormais important de nous plonger dans un écosystème moteur de notre époque, la startup, pour prendre la juste mesure des évolutions d’une discipline agile telle que le design de service dans un monde de plus en plus complexe. La simple utilisation d’un processus ne suffit plus. À la base de tout design, la mise en place de stratégies de signification, l’agencement et la structure d’éléments sont les éléments clés pour la transmission d’un message, d’un usage et plus largement d’une co-expérience durable.

https://projekt.unimes.fr/membres/mathieu-laffond/

https://www.theses.fr/fr/2019TOU20019

Nesrine Ellouze

Design social et design d’évènement dans le Sud-Est tunisien : l’hétérotopie de l’espace ksourien. Une recherche-projet.

Année de soutenance de thèse : 2019 (inscription en 2013).

Thèse en Aménagement de l’espace et de l’urbanisme. Thèse en cotutelle entre l’Université de Nîmes et l’Université de Tunis.

Direction : Michela Deni, Mohamed Ben Hamouda et Alain Findeli.

Financement : Bourse du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche en Tunisie.

Le ksar (pluriel ‘ksour’), cet espace architectural et patrimonial propre à la culture berbère (amazigh), était destiné autrefois à emmagasiner les biens et les réserves de provisions des tribus semi-nomades du Sud-tunisien qui en étaient propriétaires. Avec le temps et le passage à la modernité, il s’est produit un glissement de valeurs et de significations dans l’environnement social et culturel des populations établies dans ces lieux, provoquant ainsi une menace pour les ksour qui s’en sont trouvés délaissés ou abandonnés. La thèse fait l’hypothèse que le concept d’hétérotopie proposé par Michel Foucault pourrait permettre une lecture de ces sites susceptible d’ouvrir un espace de projet innovant afin de mettre en valeur les ruines des ksour derrière lesquelles, ainsi que le montre l’enquête de terrain que nous y avons conduite, se cachent des conflits institutionnels, sociaux et intergénérationnels. C’est dans une telle perspective, par la mise en œuvre d’une démarche de recherche-projet appuyée sur un projet de design d’événement qui s’est déroulé pendant quatre jours en avril 2018, que nous nous sommes employée à exploiter le gisement d’intelligence collective propre à la dynamique du système des acteurs liés à ce patrimoine archéologique et architectural délaissé et promis sinon à une simple exploitation touristico-économique. Nous croyons que par une telle approche inspirée de l’innovation sociale par le design (ou design social), il sera possible d’assurer aux ksour un avenir durable et culturellement fécond sans dénaturer leur signification et leur richesse historique, anthropologique et patrimoniale.

https://projekt.unimes.fr/membres/nesrine-ellouze/

https://www.theses.fr/2019NIME0002

Béatrice Gisclard

Les processus d’innovation sociale : des leviers pour réduire la vulnérabilité aux inondations en France. L’exemple des crues rapides dans les territoires ruraux du Gard et du Vaucluse.

Année de soutenance de thèse : 2017 (inscription en 2014).

Thèse en Géographie, en Psychologie Sociale de l’Environnement et en Design, en cotutelle entre l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse (École Doctorale 537) et l’Université de Nîmes.

Direction et encadrement : Loïc Grasland, Karine Weiss, Alain Findeli et Johnny Douvinet (co-encadrement).

Financement : Bourse de la Fédération de Recherche Agroantic (CNRS Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse).

Alors qu’on attend beaucoup de lui, l’habitant, convoqué sous le terme de « citoyen » dans les dispositifs technocratiques, est pourtant une « entité » abstraite dont les dimensions psychosociologiques sont trop souvent sous-estimées. Néanmoins, l’adoption de comportements appropriés en cas d’événement est bel et bien lié à l’adéquation entre les ressources individuelles mobilisables et les mesures institutionnelles que l’individu est à même de s’approprier. Dès lors, cette thèse a pour but de mesurer plus finement les capacitations des habitants, en mobilisant notamment l’innovation sociale territorialisée face à un risque spécifique : les crues rapides pouvant se manifester dans le sud-est de la France. À cet effet, un protocole d’enquête s’appuyant sur l’interdisciplinarité (géographie des risques, psychologie environnementale et design social) et associant des données empiriques et expérimentales, a été mis en œuvre. Les entretiens réalisés (36 gestionnaires, 4 syndicats de rivières et 29 sinistrés) et les questionnaires (689) ont permis de mieux comprendre leur vision respective de la gestion des risques. Les gestionnaires sont lucides mais démunis face aux multiples failles des politiques publiques, tandis que des décalages importants existent entre les intentions comportementales et la connaissance des risques des habitants interrogés. Ces résultats ont ensuite permis de déployer un atelier créatif sur la commune de Sauve (Gard, France) qui a confirmé tout le potentiel d’appropriation par les habitants que peut avoir une démarche co-construite avec eux en amont. L’ensemble des éléments issus de ce travail amène à questionner la réalité de l’implication habitante et à identifier des leviers d’action pour faire évoluer l’approche stato-centrée encore privilégiée aujourd’hui, malgré le désengagement progressif de l’Etat-providence qui rajoute un degré supplémentaire de complexité.

https://projekt.unimes.fr/membres/beatrice-gisclard/

https://www.theses.fr/2017AVIG1182