Du 21 au 23 mars 2019 à la Friche Belle de Mai à Marseille, Alphabetville et La Marelle organisent la quatrième session des Écrits du numérique consacrée aux éditions expérimentales,
en partenariat avec EnsadLab, l’IRI, Leonardo/Olats et la Salle des Machines.
Lucile Haute interviendra le 21 mars pour une conférence intitulée « Arts, littératures et formes numériques du livre ». Le samedi 23 mars, elle coencadrera avec Julie Blanc (doctorante ArTeC / EnsadLab) et Quentin Juhel (EnsadLab) un workshop dédié aux créations éditoriales hybrides avec des outils numériques libres.
Programme complet / inscription : http://alphabetville.org/article.php3?id_article=309
Workshop : Créations éditoriales hybrides avec des outils numériques libres
Dans les domaines de l’édition, de la création graphique, de la publication numérique et imprimée, des outils alternatifs se développent qui bouleversent les écosystèmes de production, distribution et consultation d’objets éditoriaux. Assumant jusqu’ici un rôle central pour la mise en forme du texte avant qu’il ne rencontre son public, la publication assistée par ordinateur (PAO) cède petit à petit la place aux technologies et méthodologies du web (HTML5, CSS3, javascript, epub). À travers un rapport sensible et créatif aux technologies numériques, auteurs, designers et éditeurs s’emparent de ces outils et revendiquent ainsi d’échapper à la standardisation des formes, inhérente à l’uniformisation des outils de création. Leur engagement prend un tournant particulier en portant attention à leur moyens d’existence. Ils interrogent de nouvelles modalités de création en s’ouvrant à des pratiques « non conventionnelles » et bien souvent basées sur des technologies open-source. Ces outils s’avèrent particulièrement adaptés à la création d’objets éditoriaux multisupports, multimodaux ou hybride, destinés aux nouveaux contextes de lecture.
Durant ce workshop, nous souhaitons présenter et partager quelques outils et méthodes libres ou non conventionnelles, des pratiques alternatives de l’édition et du design graphique.
Communication : Arts, littératures et formes numériques du livre
L’objet livre conjugué au numérique s’écarte de l’archétype du livre imprimé (le codex manipulable, pérenne et circonscrit) pour s’hybrider à d’autres paradigmes médiatiques. Pourtant, la loi de 2011 qui définit en France le livre numérique en tant qu’« oeuvre de l’esprit […] commercialisée sous sa forme numérique et publié sous forme imprimée ou […] susceptible d’être imprimé, à l’exception des éléments accessoires propres à l’édition numérique » se limite au livre homothétique, à l’exclusion des spécificité interactives ou animées. Hors, se pourrait-il que ce soient précisément ces « éléments accessoires » qui justifient la qualification de beau livre numérique ? En ce sens, le beau livre numérique demeure un impensé législatif. Il existe néanmoins. Explorant divers régimes de sensibilité du livre à l’ère de l’ubiquité numérique, les artistes et designers qui s’emparent des outils d’édition et de publication numérique produisent des objets — livres numériques d’artiste, beaux livres numériques — de natures diverses qui peuvent aller du simple pdf jusqu’à l’installation électronique générative. Ils s’inscrivent dans un champ d’expérimentations à trois polarités : livre imprimé, livre-objet plastique et livre dit numérique. Sur un autre axe, ce sont les enjeux techniques, outils et processus de création qui sont concernés par la dimension expérimentale de ces productions — production qui, comme tout objet culturel, sont sujettes à des contraintes économiques. Se voulant représentatif des tensions qui sous-tendent les processus de création, entre démarche d’auteur et contexte industriel, le corpus qui sera abordé pendant cette communication réunira des objets selon une typologie elle aussi hybride, relative tantôt à un segment éditorial préexistant, tantôt au contenu, tantôt à l’expérience de lecture proposée.