29 septembre 2023 (pas de séminaire DEIS l’après-midi) 

Intervenant #1 : Michele Boni (11h à 11h40, questions comprises)

Titre : Aero-Design Et Innovation Sociale

Résumé : L’architecture bioclimatique s’intéresse au projet d’espace par l’utilisation de l’air suivant des stratégies d’aérodynamique, aéroconfort et ventilation naturelle. Cela sous-entend que l’air est une matière à travailler. « L’Aérodesign », qui est un emprunt à l’aérodynamique (l’étude des interactions entre les mouvements de l’air et les solides) s’intéresse aux interactions entre air et flux aériens. L’objectif de l’aérodesigner est de faire de l’architecture avec de l’air, et uniquement de l’air. Ce qui est la brique dans l’architecture classique, est dans le travail de l’aérodesigner le rideau d’air qui représente le principe fondateur des architectures énergétiques intermittentes aussi appelées Air Stream architecture. Cela sous-entend que l’air est un véritable matériau de construction : en effet, si accéléré, l’air passe de son état fluide à un état pseudo-solide utilisable pour séparer ou envelopper les espaces. Face aux problématiques actuelles liées aux pandémies, aux changements climatique, à la crise énergétique, qui imposent la nécessité d’adopter des nouveaux comportements qui visent les objectifs du développement durable, si l’Architecture bioclimatique propose des stratégies alternatives à l’utilisation des systèmes de climatisation «conventionnels », l’Aérodesign (par les Air stream architectures) représente une autre méthode de projet à exploiter à chaque fois qu’on ne peut pas utiliser des matériaux opaques et solides, et il est nécessaire d’obtenir des limites climatiques, biologiques, physiques, olfactives pour la construction d’ambiances contemporaines confortables. 

L’intervention propose une sélection de projets qui ont à faire avec l’Aérodesign et qui ont des caractéristiques particulières : 1. ils s’intéressent à des problématiques d’ordre générales comme l’économie de ressources, la santé publique, le bien-être collectif, le travail, etc.; 2. ils essayent de respecter les objectifs du développement durable car la quantité d’énergie consommée pour produire les composants est minimale ; ils donnent lieu à des architectures énergétiques / intermittentes / interactives qui se manifestent à l’occurrence, s’il le faut / quand il le faut / ou il le faut, offrant ainsi des solutions éphémères et adaptables; sous certains conditions ils peuvent attendre la neutralité énergétique ; 3. ils se basent sur des systèmes technologiques légers, transportables, qu’on peut installer partout et qu’on peut appliquer à large échelle; 4. ils présentent une composante d’innovation importante ; 5. ils offrent des solutions qui visent l’intérêt général et aspirent à produire des conséquences au niveau social et économique. Comment interpréter ces types de projets par le prisme du Design et de l’innovation sociale ? Quelle est la relation entre l’aérodesigner et le Design et l’innovation sociale ?

 

Intervenante #2 : Cara Ryan (11h40 à 12h30, questions comprises)

Titre : Apports du design pour la construction sociale de “l’aspie”

Résumé : Réflexion autour du chapitre de thèse de Cara Ryan concernant l’utilisation du design dans la construction sociale de « l’aspie ». Résumé de la thèse en anglais : “Condemned by international governing bodies like the United Nations, France has long been in the spotlight for a previous psychoanalytic approach to autism, and for a lack of educational opportunities and support services for autistic people and their families. Advocacy from parents’ associations and more recently autistic self-advocates has resulted in the state’s ongoing efforts at modernizing the country’s approach to the condition. This context has led to the emergence of a local autism category: the French aspie. Through an ethnographic exploration of one national initiative: l’université Aspie-Friendly (The Aspie-Friendly University), a government-funded project focused on the inclusion of university students with autism spectrum diagnoses into the French public university system, this dissertation examines the portrayal of the aspie as belonging to a category which can be integrated into French society. It also considers the aspie category’s sometimes complicated relationship to broader categories like autism and disability while exploring how the aspie is constructed, and sometimes contested, through design processes, the embrace and careful curation of certain cognitive psychological theories of autism, and the creation and circulation of media. Simultaneous with the construction of the aspie category, university students labelled aspies are building a complex infrastructure, one that is playing a vital role in making the French university system more inclusive of multiple forms of difference.”

 

20 octobre 2023 

Intervenante : Julie Calmettes (11h15 à 12h30, questions comprises)

Titre : Caring with et care capacitant : quels apports pour le design ?

Résumé : Depuis leur début, les théories du care soulèvent des critiques méthodologiques. En 1982, dans son ouvrage In a Different Voice, la psychologue et philosophe féministe Carol Giligan critique l’incapacité du raisonnement moral de l’éthique de la justice à entendre une perception différente de l’éthique. Elle nomme celle-ci l’éthique du care, un raisonnement moral fondé sur la préoccupation d’autrui et des rapports humains. A travers la critique des résultats obtenus par son collègue Lawrence Kohlberg, Gilligan reproche aux méthodes de la psychologie d’être incapable d’entendre des raisonnements portés par la morale du care. Annemarie Mol dans Ce que soigner veut dire (2009) décrit pareillement une logique du soin, à qui la binarité de la logique du choix ne convient pas. Elle appelle alors à des méthodologies permettant de donner une place aux expériences des patients. 

A la croisée du care et du design, ces critiques méthodologiques interrogent les pratiques de conception. L’éthique du care encourage une plus grande prise en compte de la vulnérabilité dans les pratiques – design with care. L’interprétation des quatre phases du care de Tronto (caring about, taking care of, care giving, care receiving ; Tronto, 1993) pour interroger la sensibilité des pratiques du design à la vulnérabilité a fait l’objet de réflexions (Royer et Pellerin, 2022).

La 5e phase du care, caring with, de Joan Tronto et la notion plus récente de care capacitant nous semblent intéressantes pour interroger les pratiques du design. La phase du caring with dans le processus du care de Joan Tronto insiste sur la nécessité de partager la responsabilité du care et de travailler ensemble pour répondre aux besoins de care de manière plus équitable et inclusive. Cela nécessite la reconnaissance que le care ne devrait pas être le fardeau exclusif d’une seule personne ou d’un groupe restreint, mais plutôt une responsabilité partagée et collective. L’économiste et philosophe Christian Léonard (2013) dans son travail sur la responsabilisation sociale des patients dans leurs dépenses de santé, introduit la notion de care capacitant. Face à la supposée responsabilité individuelle des patients à choisir leur traitements, Léonard défend que certaines pratiques de care par les soignants soutiennent la capacité des patients à prendre soin d’eux-mêmes et des autres.

Dans cette intervention nous initierons une réflexion que posent ces notions au regard des méthodologies du design. Nous nous appuierons sur les problématiques soulevées par notre terrain auprès de patients de réanimation et de leurs proches.

 

1e décembre 2023 

Intervenante : Sophie La rocca  (11h15 à 12h30, questions comprises)

Titre : Design et cuisine : Concevoir un territoire théorique et didactique entre code sériel et code intégré, repérer et désigner l’emploie des Soft skills dans chacunes des deux disciplines.

Résumé : La présentation proposée revient sur les enjeux théoriques et didactiques induits par la mise en œuvre d’une formation en design culinaire. La création de cette formation revêt un caractère hybride qui réside dans l’articulation entre formation de design et formation en hôtellerie restauration. Le diplôme tel qu’il est construit s’établira sur deux établissements qui renvoient à des champs disciplinaires, cultures pédagogiques et pratiques de métiers bien distincts. Il sera question de définir un territoire commun et idiosyncrasique à cette nouvelle formation en design culinaire qui induise les deux approches. Nous proposerons une lecture de ces didactiques disciplinaires fortement marquées par la question des savoir-faire et savoir être. Il s’agira de distinguer, de définir et d’attribuer des intentions didactiques inscrite dans textes de référence et dans une méthodologie propre au champ du design et/ou à celui de la cuisine.

 

19 janvier 2024 

Intervenante : Corinne Rondeau (11h15 à 12h30, questions comprises)

Titre : De la vulnérabilité, lectures d’Emmanuel Levinas

Résumé : L’hommage de Jacques Derrida à Emmanuel Levinas un jour de septembre 1995 au cimetière de Pantin connait un retentissement presque immédiat dans le monde du soin : Alain Cordier, alors directeur général de l’Assistance Publique-Hopitaux de Paris, et connaisseur de la pensée de Levinas, décide de créer un espace de réflexion, l’« espace éthique ».  Mais que signifie la vulnérabilité chez Levinas, si on ne veut pas la réduire à un espace de réflexion, ni à sa définition « apte à avoir des blessures » ? Si la tradition philosophique évoque la pitié comme une façon de se décentrer de soi (Rousseau), la pédagogie comme une protection de l’enfant à ne pas faire usage de ses forces nuisibles (Kant), la notion de vulnérabilité surgit dans la philosophie comme un traumatisme à partir du contexte d’après-guerre. Le bouleversement de la pensée occidentale face au « démenti de l’humanité de l’homme » que représente le mépris de la vie humaine conduit Levinas à penser autrement la responsabilité : « je suis responsable de l’autre en tant que mortel. » Vulnérabilité et responsabilité sont coextensives de l’hospitalité, terme qui contre toute attente engage le risque et l’hostilité : comment faire avec ce qui est étranger à soi ?

 

16 février 2024  

Intervenants : Aymeric Le Gall et Amine Touzani

Titre : Enjeux, nécessités et conséquences de la médiation
La notion d’intervention dans les rapports entre différents acteurs
Cas concret du feu de forêt : attache, mémoire et confiance

Résumé : On s’intéressera, dans un premier temps, à la notion d’intervention par le biais de la triade formée par la traduction, la médiation et l’interprétation en s’appuyant, entre autre, sur les travaux de Bruno Latour relatifs à la sociologie de la traduction pour en dégager les enjeux principaux, avant de présenter le cas concret du feu de forêt, en insistant sur les processus psycho-socio-cognitifs en jeu liés à l’attache, la mémoire et la confiance, afin de montrer la nécessité et les conséquences de la médiation en situation de controverse.

 

15 mars 2024 

Intervenant : Vivien Roussel

Titre :  Biodesign et bio-ingénierie, designer le vivant dans un monde en crise : Enjeux épistémologiques de la bioéconomie

Résumé : Cette séance du séminaire doctoral du laboratoire Projekt se propose d’examiner le rôle du biodesign dans la bioéconomie émergente. Issu du design industriel et de l’optimisation, le terme de « biodesign » ne renvoie pas à une définition arrêtée ou faisant consensus entre les différents domaines qui l’emploient. Ces dernières années, il a séduit designers, artistes et architectes intéressés par l’intégration des biotechnologies à leurs champs créatifs — notamment la biologie de synthèse, la zymologie et les biomatériaux. Employé par les ingénieurs et biologistes, ce concept est déployé pour façonner un monde soutenable et favoriser des agentivités non-humaines qualifiées de « symbiotiques ». La bioéconomie, telle que la décrit l’OCDE, mobilise ces mêmes outils conceptuels et productifs afin de mettre « l’innovation au service d’une croissance durable ». Elle s’impose comme le nouveau cœur des stratégies de compétitivité des économies globalisées, préfigurant de potentielles solutions aux problèmes auxquels nous faisons face. La considération de la vie elle-même comme objet de marchandisation nous interroge sur le rôle du biodesign dans ce champ scientifique productif.

Ce puissant outil de concrétisation et de projection qu’est le design est mobilisé par les laboratoires et les start-ups pour prospecter de possibles futurs. Au-delà de l’effectivité questionnable de ces projections, il s’agit ici d’identifier et de questionner les ambivalences éthiques des prérequis conceptuels inhérents aux concepts de biodesign et de bioéconomie. 

 

12 avril 2024 

Intervenante : Caroline Grellier 

Titre : “Les savoirs endogènes : pistes pour une recherche” pluriverselle en design

Résumé : En 1994, le philosophe béninois Paulin J. Hountondji publie Les savoirs endogènes : pistes pour une recherche, un ouvrage dans lequel il décrit l’extraversion de la recherche scientifique africaine à travers neuf critères, allant des moyens de production, aux modalités des dispositifs de diffusion, en passant par les choix des sujets de recherche. Il démontre l’hégémonie occidentale sur la recherche scientifique et propose des pistes de réflexion pour une meilleure reconnaissance des savoirs endogènes. Alors que la communauté internationale de recherche en design se mobilise depuis 2019 autour des enjeux d’une pensée pluriverselle du design, à travers par exemple la création du Special Interest Group “Pluriversal Design” au sein de Design Research Society, la question de la décolonisation des sciences du design est encore balbutiante, tant en théorie qu’en pratique. Cette séance du séminaire Culture du Projet propose dans un premier temps de montrer l’actualité de la théorie d’Hountondji, illustrée à partir des récents travaux autour du Pluriversal Design Research (Noël et al., 2023) mis en perspective avec les éléments marquants évoqués lors d’une table ronde sur le sujet organisée par le Hub brésilien de la conférence 2023 de European Academy of Design, ainsi qu’avec des expériences de terrain et faits analysés depuis l’Afrique de l’Ouest. Dans un second temps, il s’agira d’interroger les pistes d’Hountondji pour tendre à une recherche en design inscrite dans le Plurivers (Escobar, 2018), où les savoirs endogènes ont leur place, quelles que soient leurs modalités de construction et de transmission.

 

24 mai 2024 

Intervenante :  Ainhoa Nicolas

Titre : Construire avec l’immatériel, un ouvrage manifeste adressé à nos imaginaires

Résumé : Travailler avec la main, la matérialité, et travailler avec la pensée, l’immatérialité, est un ensemble à la fois dissociable et indissociable.
Pourtant, la conception d’un projet ne possède aucune trace physique ou matérielle si un objet ou une structure n’émerge pas de son dessein. De la même manière, sans réflexion immatérielle, l’esprit ne peut ni concevoir, ni donner naissance à la matière.
L’actualité climatique demande une adaptation urgente de nos comportements matériels et immatériels aux changements environnementaux. Les créations matérielles doivent trouver de nouvelle manière d’exister pour s’adapter aux demandes de l’être humain et de l’environnement, pendant que les comportements immatériels se doivent d’être réformés.
La réflexion autour de l’ouvrage Construire avec l’immatériel explore la sollicitation de l’équipe réunie par Jana Revedin en faveur d’une remise en question de nos imaginaires et de nos comportements constructifs. Les 15 articles écrits par les différents chercheurs et praticiens de l’architecture, mettent en lumière de moyens possibles pour réévaluer le temps, reconsidérer la notion même de ressources, faire équipe avec les environnements et localités dans lesquelles s’insèrent un projet, etc. L’intervention portera sur l’exploration de ces moyens pour faire imaginaire d’une autre manière.
La nécessité d’un « renouvellement de la pensée » prônée par Jana Revedin, ainsi que les méthodes pour y parvenir, sont directement adressées à la remise en question de nos inconscients, faisant de cet ouvrage un guide pour réformer nos imaginaires.

 

28 juin 2024  (pas de séminaire DEIS) 

Journée des doctorant·e·s en guise de clôture du séminaire (après le dernier conseil de labo)

 

 

https://projekt.unimes.fr/agenda/