Nous, membres de la filière Design de l’Université de Nîmes et membres du laboratoire Projekt, partageons les inquiétudes exprimées dans la motion adoptée le 17 janvier 2020 par la Conférence des Présidents de section du Comité national (CPCN), et dans la motion adoptée le 10 février 2020 par nos collègues membres des filières de Lettres, d’Études anglophones et d’Études hispaniques de l’Université de Nîmes, ainsi que d’autres équipes pédagogiques et de recherche à l’échelle nationale concernant le projet de Loi pour la Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR).
La culture de la concurrence, qui est au cœur de la réforme, tend vers une dégradation des conditions d’exercice de nos métiers d’enseignement et de recherche en affaiblissant les crédits récurrents de la recherche, en dérégulant les modalités de recrutement et de titularisation, en poursuivant la précarisation de l’enseignement et le recours à des personnels vacataires, en engageant la disparition à court terme des postes statutaires et neutralisant l’horizon des jeunes chercheur·ses.
À l’image de la candidature collective à la présidence de l’HCERES, s’associer consiste à solidariser la communauté d’enseignement et de recherche contre une réforme destinée à soutenir un néolibéralisme qui a pour conséquence de faire des universités un marché international, de mettre en rivalité des chercheur·es, des établissements et des formations. Dans un tel contexte de précarisation et de dérégulation, d’hégémonie de financement nourrie par la sphère managériale, nous décidons d’une série d’actions collectives et pédagogiques avec les étudiant·es, à l’échelle de l’Université et à l’échelle nationale.
La série d’actions vise à réactualiser notre métier d’enseignant·e en tant qu’activité et autonomie pédagogique. L’héritage de William Morris nous conduit à repenser les mots de « métier » et de « coopération » afin de refuser les fatalités de précarisation produite par le conglomérat d’intérêts comptables que devient l’Université. Au nom de la dignité, premier pas vers la liberté, la création est la forme de l’espérance et de la reconnaissance des savoirs, des pratiques d’un groupe d’individus, quels que soient leurs statuts.
La crise actuelle produite par les réformes de la LPPR et des retraites, est l’espace où, ne cédant pas à la désolation ni aux plaintes, nous décidons de défendre la mission publique d’enseignement et de recherche et de reprendre notre autonomie par la création, pour que des humains vivent comme des humains.
Motion votée à l’unanimité le 13 février 2020.
Les membres de la filière Design de l’Université de Nîmes
et les membres du Laboratoire Projekt EA 7447
Brigitte Auziol, Marie-Julie Catoir-Brisson, Zoé Bonnardot, Christian Cordat, Hend Daoud, Michela Deni, Jérôme Dupont, Pierrette Gaudiat, Béatrice Gisclard, Nicolas Grosmaire, Lucile Haute, Quentin Juhel, Alice Martin, Manon Ménard, Christophe Moineau, Alexandre Pavard, Stacie Petruzzellis, Karen Polesello, Corinne Rondeau, Vanessa Roussillon, Marine Royer, Stéphanie Sagot, Thomas Watkin, Elisa Wrembel, Alessandro Zinna.