Jeudi 22 octobre et 19 novembre 2020, de 11h00 à 12h00
Le cadre et ses marqueurs chez Erving Goffman. Le design comme rupture ?

Par Manon Ménard

Fin observateur du quotidien et des interactions en « face-à-face », Erving Goffman, figure emblématique de la sociologie américain de l’École de Chicago au XXème siècle, laisse un riche héritage au champ lexical marqué par la métaphore filée du théâtre. Pour le design, cet héritage offre des outils de compréhension concernant les processus de normalisation en jeu dans « les cadres de l’expérience ». En effet, les travaux empiriques du sociologue permettent d’interroger, par l’étude de différentes pratiques de design, l’impact de leurs objets sur le maintien d’un cadre, ou au contraire de sa rupture accidentelle ou volontaire. Expliciter ces jeux de relations et le responsabilité du design sur les expériences sociales, permet notamment de mettre en avant ses biais stigmatisant et simultanément ses potentialités d’intelligibilité.

Jeudi 10 décembre 2020, de 11h00 à 12h00
Entre SIC et Design, regards croisés sur le concept de dispositif

Par Elisa Wrembel et Zoé Bonnardot

L’intervention a pour objectif de revenir sur l’origine du concept de dispositif à l’heure où l’utilisation du terme se développe dans divers champs scientifiques. Alors que l’acception de « dispositif » est prioritairement technique, le terme revêt aujourd’hui une forte dimension conceptuelle, notamment issue des travaux de Michel Foucault puis de Giorgio Agamben. A l’époque, les chercheurs l’emploient pour travailler sur le rapport aux normes et à la contrainte. Sa remobilisation contemporaine va vers une analyse d’activités plus larges. Le concept permet notamment de questionner la place de l’objet dans les interactions sociales. Le concept de dispositif permet ainsi d’analyser des réseaux complexes tels que ceux étudiés dans les travaux de thèse présentés : l’un relatif à la sensibilisation à la consommation d’énergie et l’autre à la prévention des troubles du sommeil.

Jeudi 21 janvier 2021
Le champ et le document : l’espace du projet

Par Pierre Fournier

Ce séminaire interroge la capacité du projet à construire, à la croisée d’un ensemble de disciplines et de pratiques, son propre agencement d’acteurs, d’objets et de discours. S’appuyant sur une lecture de la notion de champ définie par Pierre Bourdieu (Le sens pratique, 1980, “Haute couture et Haute culture”, 1984, “Quelques propriétés des champs”, 1984), le projet révèle et interroge les différents systèmes médiatiques et hiérarchiques qui assignent des places aux acteurs d’un projet. L’exacerbation des relations objectives entre acteurs du champ dans le cadre du projet se concentre dans des documents, des objets sélectionnés et répartis de manière à isoler certaines “choses” pour former un nouvel ensemble où installer le projet. Cette lecture s’appuie sur une définition croisée de la notion de document proposée par Michel de Certeau (L’écriture de l’histoire, 1975) et Michel Foucault (L’archéologie du savoir, 1969).

Jeudi 18 février 2021
Jeu : Espace, support, langage

Par Hend Daoud et Stacie Petruzzellis

À travers ce séminaire nous abordons la question du jeu et du game design. L’histoire du jeu et les courants de pensée des théoriciens tels que Johan Huizinga, Roger Caillois et Jacques Henriot nous permettent d’aborder les concepts de gamification et de ludicisation pour interroger ce qui fait jeu aujourd’hui et engager une réflexion autour d’expériences ludiques plus proches de la réalité du quotidien. Ces “jeux expressifs”, comme les appelle Sébastien Genvo, invitent à la réflexion et l’expression des joueurs et ont pour objectif d’encourager les débats sociaux.

Dans un deuxième temps, l’intérêt est porté sur le jeu sérieux, entre serious gaming et serious diverting. La question est introduite par une révocation des théories de l’apprentissage et des courants pédagogiques. Ensuite, à travers un point historique, nous rappelons comment le jeu a pu être validé par la science comme outil éducatif dans des scenarios pédagogiques.

Jeudi 18 mars 2021
La collaboration d’après Ezio Manzini : processus et apports du designer

par Alice Martin

Dans ses deux derniers ouvrages – Design when everybody designs (2015) et Politics of the everyday (2018) – Manzini utilise régulièrement la notion de collaboration. Le croisement de ses écrits amène à proposer une définition et un découpage en quatre étapes du processus de collaboration. Appliqué aux projets d’innovation sociale, Manzini développe également des pistes de réflexion concernant le rôle du designer expert pour accompagner ce travail collaboratif entre les individus. Les apports du designer dans le projet sont questionnés à partir de cas pratiques issus d’un terrain de recherche.

Jeudi 15 avril 2021
Design justice

par Manon Ménard

Fin observateur du quotidien et des interactions en « face-à-face », Erving Goffman, figure emblématique de la sociologie américain de l’École de Chicago au XXème siècle, laisse un riche héritage au champ lexical marqué par la métaphore filée du théâtre. Pour le design, cet héritage offre des outils de compréhension concernant les processus de normalisation en jeu dans « les cadres de l’expérience ». En effet, les travaux empiriques du sociologue permettent d’interroger, par l’étude de différentes pratiques de design, l’impact de leurs objets sur le maintien d’un cadre, ou au contraire de sa rupture accidentelle ou volontaire. Expliciter ces jeux de relations et le responsabilité du design sur les expériences sociales, permet notamment de mettre en avant ses biais stigmatisant et simultanément ses potentialités d’intelligibilité.

Jeudi 20 mai 2021
Radicaux, réveillez-vous

par Bruno Morel

Saul Alinsky écrit en 1946 son premier ouvrage Reveille For Radicals, et fonde le community organizing, une approche visant à mobiliser et rassembler différentes organisations locales pour la résolution de problèmes identifiés collectivement. Quels liens pouvons-nous établir entre les méthodologies du community organizing et les démarches de designers sociaux qui travaillent, eux aussi, à la mobilisation d’une communauté populaire et transdisciplinaire autour d’un projet ? Le designer est-il aussi un radical, ou est-il voué au libéralisme économique ? Dans un contexte français où les notions de communauté et de radicalité sont à la fois disqualifiés et sensés, cet ouvrage amène quelques pistes stratégiques pour s’organiser, négocier et se battre pour l’amélioration du cadre de vie de populations.